[Art] * Ne faut-il pas pour apprivoiser une œuvre, tant elle se terre hors-logos, se comporter avec elle, ainsi qu'on le fait avec un animal farouche, c'est-à-dire par approches successives et sans les errements critiques uniquement destinés à nous conforter dans nos croyances les plus anciennement ancrées.
2022, 18 p. (format leporello sous couverture) / ISBN 978-2-84587-591-3 / Texte de Michel Collot sur une série de photographies de Nils-Udo.
... Vu depuis le rocher des Fileuses, le spectacle était saisissant : la teinte claire du bois écorcé faisait ressortir contre le granite des falaises la silhouette de la demi-feuille et donnait une égale netteté à son reflet dans les eaux sombres de la Creuse, qui la doublait d’une moitié identique, de manière à donner l’illusion qu’elle était complète. La transparence de cette structure ajourée lui permettrait de se fondre dans son environnement : en s’offrant au regard, c’est le paysage qu’elle donnait à voir avec des yeux neufs. Le terme d’installation convient mal pour caractériser, ici comme ailleurs, l’intervention de NILS-UDO : il ne s’agit jamais pour lui d’occuper le terrain, encore moins de se l’approprier, mais au contraire de se plier à ses exigences et d’exalter le génie du lieu. Il vaudrait mieux parler d’un assemblage, qui rassemble et fait se ressembler les productions de l’art et les éléments naturels. Si les reflets dans l’eau fascinent tant NILS-UDO, c’est qu’ils illustrent la collaboration étroite entre l’artiste et la nature, qui suscite et complète l’image qu’il s’emploie à créer... MC