[Instantané d'œuvre et de vie] * Une galerie portative et l'idée que l'on détient par devers soi, un ensemble significatif d'un artiste et dont le commerce humain fait sens.
2024 / Alugraphies de Carmelo Zagari et texte d'Alexis Pelletier / Six dessins traités en alugraphie sur grand papier pures fibres vierges garanti sans acide et un dessin original signé par l'artiste serti dans l'emboitage / L'ensemble signé par les auteurs et l'éditeur est inséré dans un coffret au format de 41x51 cm., imprimé et façonné dans les ateliers de l'éditeur à Saint-Benoît du Sault en décembre 2024 / Cette édition bénéfice d'un tirage limité à 30 exemplaires.
... Pour qui découvre le travail de Carmelo Zagari, c’est un assaut de sensations qui arrivent simultanément : l’impression est celle d’aborder un monde structuré et comme indécidable. Parce que des émotions contradictoires surgissent de ce qui apparaît d’abord et avant tout comme une parade improbable, voire impossible.
Il y a des animaux, des chevaux, des oiseaux, des singes, des moutons, des vaches, des chats, tout un bestiaire dont on ne sait s’il est là pour dire la souffrance que l’être humain impose à la nature ou s’il est glorifié à la fois comme motif de la peinture et comme expression d’un attachement farouche aux bêtes, à toutes les bêtes auxquelles, sans orgueil, le peintre et nous-mêmes appartenons.
Et voici quelque chose de farouche dans ces animaux, quelque chose d’étrange, de sauvage. Ils sont apprivoisés, certes, par la virtuosité du trait. Ils savent être doux et tendres, dans leurs constitutions plus ou moins revisitées par le geste du peintre. On les entendrait chanter. On dirait même qu’ils obéissent à la peinture, si ce n’est à l’artiste qui les a peints. Mais voilà qu’ils s’assemblent, qu’ils se retournent et que ce sont eux qui pressent le peintre. Comme si c’était à lui maintenant d’obéir, comme si sous ses airs de clown, il était devenu le maître d’un cirque qui lui échappe.
Et quelle est cette parade qui se donne, qui s’avance vers nous qui la regardons ? Un convoi funéraire ? Une manifestation joyeuse ? Qui sont ces êtres humains ? Et pourquoi si souvent, c’est le visage ou et le corps même du peintre qui semblent jouer avec la peinture ?... Alexis Pelletier